Le français au bout des doigts * définitions, règles et explications

L’expression de la conséquence

  1. Caractéristiques générales
  2. Comme le précise la section Cause, l’expression de la conséquence est l’une des manifestations possibles en langue des relations de causalité. En ce cas-là, il s’agit de mettre en évidence le résultat d’un procès ou d’un état de faits sans égard à une intention éventuelle d’obtenir ce résultat. L’élément de l’énoncé qui annonce la conséquence apporte (normalement) une information nouvelle (c’est le rhème ou le comment) ; le passage de la cause à l’effet donne lieu à une progression thématique linéaire, du moins au niveau local. Dans la plupart des cas, l’expression de la conséquence est inséparable de celle de la manière, de la quantité ou de l’intensité à laquelle le résultat est dû :

    Lucie a mis une quantité excessive de sucre dans sa mousse au chocolat. Par conséquent, la mousse est devenue immangeable. (mise en évidence de la conséquence seulement)
    Lucie a mis tellement de sucre dans sa mousse au chocolat que la mousse est devenue immangeable. (mise en évidence du rapport de la quantité avec la conséquence)

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  3. Moyens lexicaux
    1. Substantifs
    2. Il existe, en français, plus d’un nom désignant la conséquence sous ses différents aspects : conclusion, conséquence, contrecoup, corollaire, effet, fruit, réaction, rejaillissement, résultat, retentissement, ricochet, séquelle, suite. Ils font souvent partie de locutions et de collocations. Grâce à leurs traits sémantiques particuliers et compte tenu des critères contextuels de leur emploi, il est possible de faire référence à l’effet produit par telle ou telle cause d’une manière nuancée. Pour leur étude, consulter les dictionnaires.

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    3. Verbes
    4. Pour désigner le procès dans lequel telle ou telle cause produit un effet, le locuteur a un choix important de verbes français : agir, aller, amener, appeler, attirer, causer, créer, déchaîner, déclencher, découler, déterminer, engendrer, entraîner, éveiller, exciter, forcer, impliquer, inciter, induire, inférer, mener, occasionner, opérer, prêter à, procurer, produire, provoquer, résulter, s’accompagner, s’ensuivre, soulever, susciter, valoir (qqch à qqn). Le choix du verbe s’effectue en fonction des traits sémantiques particuliers, des traits combinatoires syntaxiques (nature du sujet et des compléments) et du contexte. Pour leur étude, consulter les dictionnaires.

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  4. Moyens syntaxiques
  5. Phrases indépendantes, propositions coordonnées ou juxtaposées
  6.            
    marque de la relation exemple remarque
    conjonctions de coordination (ou adverbes de relation logique) :
    donc
    Il était déjà tard et il fallait se rendre à l’autre bout de la ville. On avait peur d’être volés. Lucie avait mal aux pieds. Donc, il a été décidé d’appeler un taxi.
    Luc voulait surprendre sa femme. Il est donc rentré un jour plus tôt que prévu.
    • La place de donc est variable ; elle dépend en général de la structure textuelle : si la relation de conséquence est l’unique facteur structurant, il se met en tête de proposition ; si les relations thématiques prédominent, il se met dans le GV.
    aussi
    Nous devons prendre notre décision assez rapidement ; aussi vous serions-nous reconnaissants de nous répondre dans les meilleurs délais.
    • Utilisé dans cette valeur, aussi se met en tête de proposition ;
    • normalement, on observe l’inversion du sujet. S’emploie dans le langage écrit soigné et/ou formel.
    ainsi La victime était bien connu par la police criminelle, ainsi, ils pensaient d’abord à un règlement de comptes.
    • Référence à la manière.
    • Avec ainsi en tête de proposition, on observe fréquemment l’inversion du sujet.
    alors On pourrait refuser de payer la somme exigée ; alors, on devrait faire face à un procès.
    • Référence à la succession dans le temps et/ou à une éventualité.
    dès lors Il eut un grand succès qui l’encouragea. Dès lors, il se remit au travail avec une énergie redoublée.
    • Référence à la succession dans le temps.
    • Insistance sur le « point de départ » (la cause) aussi.
    • Appartient au langage écrit.
    locutions conjonctives :
    c’est pourquoi Elle n’a jamais protesté ; c’est pourquoi je pensais qu’elle était d’accord.
    • Appartient au registre informel (quotidien) et/ou oral.
    • Effectue une sorte de topicalisation de la conséquence allant de pair avec une « focalisation rétroactive » de la cause.
    en conséquence
    par conséquent
    Les négociations n’ont pas abouti, par conséquent, le contrat n’a pas été signé.
    • Expriment une sorte de nécessité logique.
    • Appartiennent au registre formel (officiel) ou littéraire.
    ponctuation ou absence de marque formelle : Il est tard : tu dois te coucher.
    Vous m’avez convaincu, je signe le contrat.
    • Les deux points ne font que marquer le rapport logique sans en préciser la nature ; en effet, on les trouve également dans des phrases exprimant la cause.
    proposition elliptique :
    de là Bruno a été ridiculisé, de là sa timidité.
    La porte du bureau est fermée à clé, d’où l’impossibilité de sortir nos affaires.
    • Insistance sur une sorte de nécessité logique et aussi sur le « point de départ » (la cause).

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  7. Propositions subordonnées
    1. Propositions avec verbe à l’indicatif
    2. Ce sont les propositions appelées consécutives (ou les propositions entrant dans la composition de systèmes consécutifs). Soit que la conséquence soit effective, soit que l’on mette l’accent sur une cause présentée comme suffisamment puissante pour produire la conséquence, le verbe de ces propositions se met à l’indicatif.1

       
      locutions conjonctives exemple remarque
      si bien que
      de sorte que
      Janine parle trois langues si bien qu’elle n’a pas eu de problèmes à trouver un emploi.
      Max s’est équipé d’une perceuse électrique de sorte qu’il peut tout bricoler à la maison.
      de telle sorte que
      de (telle) manière/façon que
      Il a réduit sa consommation de café de telle sorte qu’il n’a plus de problèmes d’insomnie.
      Marie s’est fait couper les cheveux de façon que personne ne la reconnaît.
      référence à la manière de l’action qui amène la conséquence
      si
      tellement
      + adjectif/adverbe ou les noms besoin, envie, faim, horreur, mal, peur, soif, etc. que Fred a hurlé si fort qu’il s’est rendu aphone.
      Les étudiantes portaient des vêtements tellement sexy que le professeur a fini par perdre le fil de son cours.
      Gisèle a tellement horreur des araignées qu’elle s’évanouit à la vue de la plus petite.
      référence à la quantité ou au degré d’intensité, ce dont résulte la conséquence
      verbe + tant
      tellement
      Jean fume tellement que sa moustache est toute jaune.
      tant/tellement de
      un(e) tel(le)/de tel(le)s
      + nom Il y avait tant de moustiques que nous avons dû raccourcir notre promenade.
      Il avait fait preuve d’une telle arrogance que personne n’a voté pour lui.
      au point/à tel point que
      tant et si bien que
      Il s’est adonné aux jeux d’ordinateur à tel point qu’il a connu de sérieux problèmes psychosomatiques.
      Le chevalier s’acharna à séduire la belle princesse tant et si bien que le roi l’exila.

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    3. Propositions avec verbe au subjonctif
    4. Il s’agit d’un type de proposition spécial, moins fréquent que celui qui a été présenté sous le 3.2.1. La relation de conséquence est marquée par une structure complexe dans laquelle on reconnaît la locution conjonctive pour que, connue de la proposition subordonnée finale, qui est suivi là aussi du subjonctif.

      marque de la relation exemple remarque
      assez/trop + adjectif/adverbe + pour que L’air est assez fraîche pour que nous servions le dîner sur la terrasse. (on servira le dîner sur la terrasse2)
      L’air est trop fraîche pour que nous servions le dîner sur la terrasse. (on ne servira pas le dîner sur la terrasse)
      Il pleut assez souvent pour que la récolte soit bonne. (la récolte sera bonne)
      Il pleut trop souvent pour que la récolte soit bonne. (la récolte sera mauvaise)
      Expression marquant une intensité suffisante de la qualité désignée par l’adjectif/adverbe ou une quantité suffisante de la chose désignée par le nom pour amener la conséquence évoquée dans la proposition subordonnée, dans le cas de assez, ou pour amener la conséquence contraire, dans le cas de trop.
      assez/trop + de + nom + pour que Il y a assez de pluie pour que la récolte soit bonne.
      Il y a trop de pluie pour que la récolte soit bonne.

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    5. Propositions avec verbe à l’infinitif
    6. Il s’agit, d’une part, de la variante du type décrit sous le 3.2.2 présentant la coréférentialité des sujets de la principale et de la coordonnée (ou, dans certains cas, un sujet indéterminé correspondant à on). Pour que se réduit à pour suivi de l’infinitif. D’autre part, dans le même cas, la locution conjonctive au point que répertoriée sous le 3.2.1 peut être remplacé par au point de, suivi également de l’infinitif. Notons que dans le cas des locutions conjonctives de manière que et de façon que, les locutions prépositionnelles de manière à et de façon à suivis de l’infinitif expriment moins la conséquence que le but.

      Il est assez gourmand pour goûter à ce plat. (il va y goûter, même si le plat est insolite)
      Il est trop gourmand pour goûter à ce plat. (il ne va pas y goûter parce que le plat n’est pas assez raffiné)
      Il a assez d’expérience pour diriger le magasin.
      La salle est assez grande pour y organiser des concerts symphoniques.
      Il est amoureux au point de faire des bêtises.


      1 Toutefois, dans le langage soigné ou littéraire, c’est le subjonctif qui s’emploie après une proposition principale négative ou interrogative dans la proposition introduite par les locutions contenant tant, si, tel ou tellement. Exemple : Serait-il tellement orgueilleux qu’il rejette une offre si avantageuse ?

      2 Sauf le cas où un locuteur émettrait cet énoncé non pas par un jour de canicule mais par un temps plutôt froid, dans le sens de trop. Assez a, en effet, à part sa valeur à orientation positive, un emploi « ironique » aussi. Hors contexte, les exemples avec assez sont ambigus.