Le français au bout des doigts * définitions, règles et explications

L’expression de la pensée et de l’opinion

En français, on dispose d’un grand nombre de moyens pour donner son opinion personnelle. Les verbes et les expressions verbales à l’aide desquels on peut nuancer sa pensée sont suivis d’une subordonnée appelée complétive. Dans ces propositions, le choix du mode et la concordance des temps constituent le problème le plus épineux.

  1. Le classement des verbes et expressions verbales introducteurs les plus fréquemment employés :
    1. Verbes exprimant une déclaration
    2. déclarer, dire, raconter, affirmer, annoncer, assurer, garantir, répondremais non parler !


    3. Verbes et expressions verbales exprimant une certitude, une opinion, une appréciation
    4. penser, croire, juger, trouver, savoir, être d’avis, supposer, être sûr, être certain, être persuadé, être convaincu, remarquer, constater, estimer, espérer, comprendre, se douter, se rendre compte, avoir l’impression

      il est probable, il me semble, il me paraît, il est indubitable, il est clair, il est certain, il est vrai, il est évident, il est incontestable

    5. Verbes et expressions verbales exprimant un doute
    6. douter, nier, contester, il est douteux, il est possible, il est contestable, il est discutable

  2. Le mode dans la subordonnée complétive
    1. L’indicatif
    2. L’indicatif sert à exprimer des faits réels, la certitude, la vraisemblance. Il est donc évident que l’indicatif est de règle après les verbes de déclaration (groupe 1) et de jugement (groupe 2) à la forme affirmative :

      Il dit qu’il neigera.
      Je lui ai répondu que nous arriverions vers 10 heures.
      Nous sommes sûrs qu’il a raison.
      Il est probable qu’il fera beau demain.

    3. Le subjonctif
    4. Le subjonctif sert à exprimer l’incertitude, le doute concernant la réalité du fait. Il s’agit d’une mise en perspective du fait, d’un fait virtuel.

      1. Par conséquent, les verbes de déclaration (groupe 1) et d’opinion (groupe 2) à la forme négative ou interrogative avec inversion du sujet sont généralement suivis du subjonctif. (L’indicatif reste quand même possible dans la langue parlée quand on veut insister sur la réalité du fait.)

        Je ne dis pas qu’il soit parti.
        Penses-tu qu’il ait voulu te tromper ?
        Je n’aurais jamais cru qu’il soit si malin.

        Par contre, avec est-ce que, on met le verbe à l’indicatif (langue parlée !) :


        Est-ce que tu penses qu’il a voulu te tromper ?

        Le choix entre indicatif et subjonctif peut dépendre aussi du sens de la phrase. C’est le cas des verbes du type dire qui peuvent introduire non seulement une affirmation mais aussi une injonction :

        Dis à Bernard qu’il a obtenu la bourse en France et qu’il vienne chercher sa lettre de présentation. (affirmation + ordre)

      2. Les verbes de doute sont toujours suivis du subjonctif et, ce qui peut sembler un peu étrange, même après la forme niée (puisque ne pas douter impliquerait la certitude).

        Je doute qu’il y ait une table libre dans ce café.
        Je ne doute pas que vous sachiez la solution.
        Il est possible qu’il fasse beau demain. (Attention ! possible = incertitude, <---> probable = certitude)

  3. Le temps dans la subordonnée complétive
    1. Avec verbe introducteur au présent / au futur entraînant l’indicatif
    2. Il dit / Il répond / Il est probable qu’il a plu hier. antériorité
      qu’il pleut maintenant. simultanéité
      qu’il pleuvra demain. postériorité

    3. Avec verbe introducteur à un temps du passé entraînant l’indicatif
    4. Il a dit / disait / avait dit / Il était probable qu’il avait plu la veille. antériorité
      qu’il pleuvait alors/ce jour-là. simultanéité
      qu’il pleuvrait le lendemain. postériorité

    5. Avec verbe introducteur entraînant le subjonctif
    6. Je doute / Il est possible qu’il ait plu hier. antériorité
      qu’il pleuve maintenant. / demain. simultanéité / postériorité
      J’ai douté / Il était possible qu’il ait plu la veille. (eût plu)* antériorité
      qu’il pleuve alors/ce jours-là / le lendemain.
      (plût) * simultanéité / postériorité

      Comme on n’emploie dans la langue parlée et dans la langue écrite ordinaire que deux temps au subjonctif, les trois relations temporelles (antériorité, simultanéité, postériorité) se répartissent entre ces deux temps de la façon suivante :

      Comme les deux tableaux le montrent, le choix du temps verbal ne dépend pas du fait qu’on a employé un verbe introducteur au présent ou au passé. Dans la langue de tous les jours, on utilise également le subjonctif passé et le subjonctif présent indifféremment après les verbes introducteurs au présent ou bien au passé.


* Les formes verbales marquées sont respectivement le subjonctif plus-que-parfait et le subjonctif imparfait qui ne s’emploient que dans la langue littéraire.