Le français au bout des doigts * définitions, règles et explications

L’expression de l’opposition et de la concession

  1. Caractéristiques générales
  2. Les conjonctions, adverbes de relation et locutions conjonctives coordonnants exprimant l’opposition

  1. Caractéristiques générales
  2. L’opposition est une relation sémantique qui peut se manifester sous différentes formes.

    structures grammaticales exemples
    1. entre mots : antonymes mort : vivant, santé : maladie, réduire : agrandir
    2. entre constituants de phrases : groupe prépositionnel

    Il dort malgré le bruit.

    Ils faisaient beaucoup de bruit sans réveiller Pierre.

    3. entre propositions :  
    3.1. principale et subordonnée : subordonnée circonstancielle concessive

    Il dort bien qu’il y ait du bruit.

    3.2. coordonnées : coordination adversative

    Il y a du bruit mais il dort.

    3.3. juxtaposées

    La télé beuglait, Pierre dormait comme une souche.

    4. entre phrases ou unités de discours complexes

    La télé beuglait. Quelqu’un l’a mise à tue-tête pour qu’on l’entende depuis la cuisine. Cependant, Pierre dormait comme une souche. Il était rentré mort de fatigue car il avait fait sans halte Salzbourg – Paris en voiture.

    L’opposition a trois types de réalisation principaux dans les phrases et dans le texte :

    réalisation exemple
    réfutative

    - Je peux boire ce thé ?
    - Ce n’est pas du thé mais du café.

    contrastive

    - Vous cherchez des chemises, Monsieur ? Les voilà ; celles-ci sont à manches courtes tandis que celles-là à manches longues.

    concessive ou restrictive

    Il n’a pas pu tenir debout quoiqu’il ait pris trois cafés.

    C’est un peu lourd mais je le prends quand même.

    L’opposition réfutative contient la négation d’une proposition, considérée comme fausse, et le contraire de cette proposition, considéré comme valable par rapport à la situation donnée. Ce type a un caractère polémique, aussi le retrouve-t-on dans les dialogues en premier lieu.

    L’opposition contrastive met en parallèle deux choses, considérées comme contraires l’une à l’autre. Le locuteur ne semble préférer ni l’une ni l’autre ; cette neutralité doit s’observer aussi dans ce qui suit l’énoncé dans le discours.

    L’opposition concessive ou restrictive est le type le plus fréquent. Dans la plupart des cas, il n’y a pas de contraste directement entre les contenus des mots, propositions ou phrases opposés : il s’agit d’une relation qui implique des pensées non formulées. On a affaire soit à la négation d’une implication, soit à l’annulation d’une attente. Par exemple, vouloir manger implique avoir faim. C’est cette implication qui est niée dans la phrase suivante :

    J’ai mangé un peu mais je n’avais pas faim.

    De même, si quelque objet fragile tombe, on s’attend à ce qu’il casse. C’est cette attente qui est annulée dans la phrase suivante :

    Le vase est tombé mais il n’est pas cassé.

    Ce type d’opposition exprime une sorte de prise de position du locuteur et détermine les possibilités de continuation du discours. Voilà les éléments de deux argumentations possibles :

    argument conclusion
    neige »=> ne pas prendre la voiture
    avoir beaucoup de bagages »=> prendre la voiture

    À partir de ces éléments, on peut construire les phrases suivantes, en fonction de ses préférences :

    Il neige mais je prends quand même la voiture (parce que j’ai beaucoup de bagages).

    Je prends la voiture bien qu’il neige. (En effet, j’ai beaucoup de bagages.)

    Malgré la neige, je prends la voiture (parce que j’ai beaucoup de bagages).

    J’ai beaucoup de bagages mais je ne prends quand même pas la voiture (parce qu’il neige).

    Je ne prends pas la voiture bien que j’aie beaucoup de bagages. (En effet, il neige).

    Malgré la quantité de mes bagages, je ne prends pas la voiture (parce qu’il neige).

    Les termes subordonnants (comme la préposition malgré ou la conjonction bien que) marquent l’argument « faible » tandis que les termes coordonnants (comme la conjonction mais ou l’adverbe néanmoins) marquent l’argument « fort ». La suite du discours ne doit pas contredire ce choix. L’exemple suivant est ainsi mal tourné :

    ?Je prends la voiture bien qu’il neige. Quand ça glisse, il vaut mieux prendre le train.

    Retour au début de la page

  3. Les conjonctions, adverbes de relation et locutions conjonctives coordonnants exprimant l’opposition
  4. terme de relation type de relation marqué / valeur sémantique particularités
    mais non spécifique, capable de marquer l’opposition selon tous les types de réalisation  
    au contraire marquent la réalisation contrastive de l’opposition
    • exprime un contraste statique ;
    • peut marquer la réalisation réfutative de l’opposition aussi ;
    • caractère polémique ; peut introduire une réponse dans un dialogue

    – Max est intelligent.
    – Au contraire, il est fou.

    par contre
    • exprime un contraste dynamique (fréquent dans la narration)
    en revanche
    • registre plutôt soutenu ;
    • objectivité accentuée de la mise en relation
    pourtant marquent une relation bien précise dans le discours selon la réalisation concessive de l’opposition
    • accentue le caractère logique de la relation
    pour autant
    • ne s’emploie que dans un contexte « globalement négatif » (présence, sous une forme ou une autre, de la négation, de l’interrogation ou de l’expression du doute dans la proposition qui le contient)

    J’ai invité Pierre à ma soirée, mais est-ce qu’il viendra pour autant ?

    néanmoins
    • registre formel/soutenu ;
    • sert à marquer la relation d’unités de discours plus complexes
    quand même
    • marquent une relation peu ou pas précisée dans le discours selon la réalisation concessive de l’opposition ;
    • sont souvent accompagnés d’autres termes de relation, permettant plus de précision
    • plus courant, langage oral
    tout de même
    • langage écrit, plus soutenu
    cependant marquent le rapport de deux faits simultanément présents et valides dans le cadre d’une relation concessive
    • registre soutenu ;
    • à ne pas confondre avec l’expression temporelle pendant ce temps-là
    toutefois
    • registre formel
    de toute façon marquent la réalisation concessive de l’opposition tout en introduisant une conclusion dans le discours qui constitue une réévaluation de tout ce qui précède
    • les possibilités évoquées dans le contexte précédent sont jugées inappropriées par rapport aux visées du discours
    en tout cas
    • le contexte précédent exprime une incertitude par rapport à laquelle la proposition introduite par en tout cas formule une prise de distance
    malgré tout
    • complète les contenus du contexte précédent de contenus anti-orientés

    Tous les termes énumérés, sauf en revanche, par contre, pour autant et de toute façon, peuvent relier des constituants d’une proposition et chacun d’entre eux peut introduire les propositions d’une phrase complexe ou les (blocs de) phrases d’un discours. À l’exception de mais, la place de ces termes est mobile. Elle dépend en général de la structure textuelle : si la relation d’opposition est le principal facteur structurant, ils se mettent en tête de proposition ; si d’autres relations (par exemple, thématiques) prédominent, ils se mettent dans ou après le GV.

Retour au début de la page